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« On entend beaucoup parler d’isolement social, avec des jeunes loin de leur famille » : une nouvelle plate-forme d’écoute s’attaque au mal-être étudiant

Pilotée par l’association En avant toute(s), la Coordination nationale d’accompagnement des étudiantes et étudiants (CNAE) est une ligne d’écoute, gratuite et confidentielle. Louise Delavier, 33 ans, coordinatrice des programmes de l’association qui lutte pour l’égalité de genre et pour prévenir les violences, notamment auprès des jeunes, revient sur le déploiement de ce service lancé fin 2023.
Pour se saisir du mal-être étudiant, le gouvernement a voulu sortir des dispositifs strictement institutionnels, pas toujours plébiscités par les jeunes. En avant toute(s) fait déjà partie des associations partenaires du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche dans son plan national d’action contre les violences sexistes et sexuelles. Avec notre tchat qui permet aux jeunes de discuter en confiance avec des personnes formées à la question des violences, on a réussi à faire le lien entre notre génération et les structures existantes.
Cette expertise nous a permis de remporter le marché public pour opérer la ligne d’écoute de la CNAE. Nous avons recruté des psychologues et des travailleurs sociaux, et lancé la ligne en octobre 2023.
Nous avons reçu 20 appels en octobre, 50 en novembre, 171 en janvier, et près de 200 en février, ça monte progressivement. La durée moyenne d’un appel est de trente minutes, mais ça peut durer plus longtemps si besoin. La ligne d’écoute est gratuite et confidentielle, opérationnelle de 10 heures à 21 heures en semaine, et de 10 heures à 14 heures le samedi. On entend beaucoup parler d’isolement social, avec des jeunes loin de leur famille, voire de leur pays d’origine. On a des profils en très grande précarité, ou en difficulté dans leurs études. L’épidémie de Covid-19 a eu un effet rouleau compresseur, certains jeunes ont l’impression d’avoir perdu les plus belles années de leur vie, le tout dans un contexte peu réjouissant. Beaucoup sont angoissés par l’avenir dans un monde qui fait face au réchauffement climatique.
Nos psychologues et travailleurs sociaux assurent l’écoute et guident les étudiants vers les ressources adaptées. Si on est confrontés à des problèmes sur le lieu de travail, comme dans le cadre de stages à l’hôpital pour les étudiants en médecine, on peut saisir l’agence régionale de santé. On fait aussi face à de la discrimination, des violences sexistes et sexuelles, du harcèlement.
On réussit rapidement, à partir d’un récit, à détecter les violences. En cas de situation répréhensible pénalement, on peut orienter les jeunes vers le service de tchat de la police, c’est souvent rassurant pour ceux qui hésitent à se déplacer au commissariat. On aide les personnes en détresse psychologique à accéder à des structures, comme les centres médico-psychologiques. Sauf que l’attente peut être longue – plusieurs mois – car les structures sont saturées. Les jeunes peuvent nous rappeler en attendant leur rendez-vous, on assure alors un suivi sur la durée.

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